vendredi 11 décembre 2009

Les salariés dans la rue (Source Sud-ouest.com)

Depuis le placement sous administration provisoire de leur entreprise mutualiste, mi-novembre, ils étaient restés discrets. Hier, les salariés de GVM, le Groupement Vittavi Mutualité dont fait partie Landes Mutualité, sont sortis dans la rue pour manifester leur inquiétude quant à l'avenir de leur emploi. Une action lancée par une intersyndicale FO-CFDT qui n'a pas eu d'incidence sur l'activité de la mutuelle, le mouvement étant organisé à la pause déjeuner devant le siège administratif de GVM et siège historique de Landes Mutualité, boulevard d'Alingsas à Mont-de-Marsan. Une soixantaine de personnes y ont participé, des salariés en grande majorité mais également quelques adhérents et des sympathisants, tous réunis sous un même slogan inscrit sur une banderole déployée face aux passants, « Votre mutuelle n'est pas à vendre ».
Une soixantaine de personnes, des salariés en majorité mais aussi des adhérents et sympathisants, a manifesté hier devant le siège montois de Landes Mutualité. (photo nicolas le lièvre)
Peur des licenciements
Car telle est la principale crainte des deux syndicats à l'origine de ce mouvement. « D'après nos informations, l'administrateur provisoire (Philippe Bonin, NDLR), envisage un rapprochement dès la mi-décembre avec Myriade, une mutuelle directement concurrente de Landes Mutualité. Ce qui signifierait des suppressions de nos agences, la délocalisation du siège de Mont-de-Marsan et surtout des licenciements, à hauteur d'un tiers à un quart de nos effectifs », annonce Eric Onselaer, secrétaire général de FO à GVM.

Le groupement, né d'une union technique entre Landes Mutualité et Vittavi à l'automne 2008, compte 202 salariés, dont 130 sont issus des anciens rangs de LM. À ces 202 salariés, il faut ajouter 23 employés repassés sous contrat Landes Mutualité, tout récemment. En effet, cette opération, visant à permettre une autonomie de fonctionnement à la mutuelle landaise pour faire face au placement sous tutelle de ces deux partenaires courant octobre, a été menée par les anciens dirigeants, juste avant leur mise à pied. Cela a sans doute pesé dans leur limogeage. Deux sont en passe d'être licenciés : l'ex-directeur général Jacques Marsant et l'ex-directeur financier Bruno Freche, reçus tous deux le 8 décembre par la direction provisoire. En revanche, Christian Couturier, directeur des opérations suspendu, va être réintégré dans ses fonctions, a-t-on appris hier. Mais sur ces sujets, les manifestants préfèrent ne pas s'étendre, quand bien même beaucoup avouent « une totale confiance » dans l'ancienne équipe dirigeante.

« Nous voulons surtout savoir à quelle sauce nous allons être mangés », confie une employée qui se lamente du peu de communication de l'administrateur provisoire. Celui-ci est loin d'être un inconnu dans le monde mutualiste. En effet, c'est lui qui a été désigné par l'Acam dans la crise qui a secoué la Fédération de la mutualité parisienne, à l'automne 2008. « Dans un premier temps, il avait proposé 600 suppressions d'emplois sur les 1 600 salariés de la FMP. Grâce à la mobilisation syndicale, notamment de la CGT, cette saignée a été évitée. Aujourd'hui, il est question de 73 licenciements. Par notre action, nous voulons lui montrer qu'il trouvera ici autant de résistance et de détermination qu'il a pu en rencontrer à Paris. On ne se laissera pas faire », préviennent les représentants syndicaux. Ils peuvent compter sur des soutiens politiques. Absent hier, le député Alain Vidalies a tenu à se faire représenter par son attaché parlementaire, Christophe Linxe. « Nous avons transmis le dossier à la ministre de la Santé et nous attendons ses réponses », a indiqué ce dernier. Hier après-midi, une délégation syndicale devait être reçue en préfecture. « Le temps presse. La prochaine réunion de la délégation unique du personnel (DUP) a été fixée par M. Bonin au 17 décembre, au siège de GVM, à Toulouse. On craint que nous soient alors annoncées des décisions prises sans aucune concertation », lâche Martine Tartas, délégué FO.

Elisa Artigue-Cazcarra