vendredi 27 novembre 2009

Extrait Sud-Ouest du 24/11/2009

Landes Mutualité : la contre-attaque (source Sud-ouest.com)

Les langues commencent doucement à se délier à Landes Mutualité. Et les principaux dirigeants suspendus depuis jeudi par l'Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles (l'Acam), le gendarme du secteur, organisent leur contre-attaque. Leur porte-parole : le président Jean-Pierre Feignia, lui aussi démis de ses fonctions, un mois à peine après son élection par le conseil d'administration à la tête de la première mutuelle des Landes (100 000 adhérents, principalement dans le département et les Pyrénées-Atlantiques). L'homme n'y va pas par quatre chemins et dénonce « une décision totalement arbitraire et injustifiée de l'Acam, visant à mettre dans le même sac Vittavi, au bord du gouffre, et Landes Mutualité, en parfaite santé financière ».

En Conseil d'État
À l'appui de ses dires, des chiffres : « Entre 2003 et 2009, nous n'avons cessé de nous développer, passant de 53 000 adhérents à plus de 100 000 et de 23 millions d'euros de cotisations à 53 millions. Aujourd'hui, nous disposons de 32 millions d'euros de capitaux propres et notre ratio prudentiel dépasse très largement la moyenne demandée par l'Acam. Les droits des assurés n'ont jamais été compromis. Alors, que faisons-nous sous administration provisoire ? », lance Jean-Pierre Feignia. Et le président déchu de soupçonner « un subterfuge pour financer le redressement de Vittavi, dont personne ne veut ». En clair, les candidats à la reprise pourraient être plus nombreux avec la mutuelle landaise dans le lot. C'est pourtant Landes Mutualité qui avait choisi d'elle-même de se rapprocher de cette mutuelle étudiante (l'ex-Smeso), en octobre 2008, pour « se développer », déclarait alors le directeur général de LM, Jacques Marsant (1). À l'époque, Vittavi n'était d'ailleurs guère en grande forme : au 31 décembre 2008, elle présentait un déficit de 2 millions d'euros.



Le groupement d'intérêt économique créé entre elle et Landes Mutualité, à l'origine de la naissance de GVM (Groupe Vittavi Mutualité), n'y a rien changé. Aujourd'hui, Vittavi est proche de la cessation de paiements et sous administration provisoire ; même chose pour GVM et maintenant pour Landes Mutualité. Plutôt que d'un développement, c'est d'un ratage qu'il semble s'agir.



Mais là-dessus, Jean-Pierre Feignia ne s'étale guère. « Les deux entités avaient gardé leur indépendance. Vittavi s'était engagée à faire des économies de charge et à redresser sa situation », commente-t-il. Une indépendance toutefois relative : en effet, les moyens, au premier chef les salariés, étaient rattachés à GVM et non plus à leur maison mère respective.


Autre sujet que Jean-Pierre Feignia balaie d'un revers de main : les émoluments des administrateurs, supérieurs au plafond légal selon l'Acam, et la rémunération très élevée du directeur général pointée par l'autorité de contrôle. « C'est un débat d'interprétation de l'Acam. Les indemnités sont dans la norme eu égard à l'engagement des administrateurs », indique le président suspendu, tout en refusant de livrer leur montant. Le retraité du secteur bancaire se montre plus bavard concernant les placements financiers désignés comme « risqués » par les contrôleurs du gendarme des assurances et mutuelles. « Il s'agit d'un placement obligataire de la Caisse d'épargne, garanti à terme et aucunement risqué », déclare-t-il. Et Jean-Pierre Feignia de dégainer une dernière pique à l'attention de l'organisme public indépendant : « Comment se fait-il que l'administrateur provisoire, M. Philippe Bonin, ait décidé de s'appuyer sur des personnes suspendues voilà quelques semaines ? C'est quand même étrange. » En effet, le président de GVM vient d'être réintégré dans ses fonctions et l'ex-directeur général de Vittavi vient d'être nommé directeur général de GVM. Conclusion : « Nous allons déposer un recours devant le Conseil d'État pour faire casser la décision de l'Acam », prévient l'ex-président de Landes Mutualité.