vendredi 27 novembre 2009

Extrait Sud-Ouest du 23/11/2009

Landes Mutualité en pleine tourmente(source Sud-ouest.com)
C'est une crise sans précédent qui secoue Landes Mutualité. Depuis
jeudi dernier, les dirigeants de la première mutuelle dans les Landes
sont suspendus de leurs fonctions sur décision de l'Acam, l'Autorité de
contrôle des assurances et des mutuelles. Cet organisme public
indépendant, qui fait office de gendarme dans ce secteur, a nommé un
administrateur provisoire à leur place. Cette mise sous tutelle découle
d'un contrôle de Landes Mutualité, mené voilà quelques semaines par
l'Acam. La situation financière, les conditions d'exploitation, les modes
de fonctionnement et de gouvernance ont alors été passés au peigne
fin.

Une opération normale mais qui aurait mis à jour des pratiques singulières dans cette mutuelle qui compte 100 000 adhérents, principalement dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. D'après nos informations, le rapport dressé par l'Acam s'étonnerait des émoluments des administrateurs, six fois supérieurs au plafond prévu par la loi, et pointerait les rémunérations très importantes des dirigeants de Landes Mutualité (autour de 240 000 euros annuels pour certains, accompagnés d'avantages comme une voiture et un logement de fonction). En outre, leur gestion serait également mise en cause. Enfin, seraient également relevés des placements financiers risqués et non conformes à l'esprit mutualiste. De source avisée, il n'est pas exclu que la justice soit prochainement saisie de ce dossier.

« Descente commando »
Malgré nos demandes répétées, l'Acam, qui se trouve à Paris, n'a pas souhaité communiquer sur cette affaire. Même
silence du côté de l'administrateur provisoire, Philippe Bonin, qui vient de prendre ses fonctions au siège de
l'établissement, à Mont-de-Marsan.

Le mutisme prévaut également chez les dirigeants suspendus, le directeur général Jacques Marsant, le directeur financier Bruno Freche et le directeur des opérations Christian Couturier. « Nous sommes sous le choc et ne savons plus qui croire », témoigne un salarié, sous couvert d'anonymat. Car c'est un changement de gouvernance musclé qui a été opéré jeudi matin. « Vers 11 h 45, alors que nous étions tous à nos postes de travail, nous avons vu débarquer une troupe d'une dizaine de personnes. En tête, l'administrateur provisoire qui était accompagné de plusieurs agents de sécurité et d'informaticiens. Nos dirigeants ont été aussitôt priés de rentrer chez eux et les serrures de leurs bureaux ont été immédiatement changées. Il nous a été ordonné d'arrêter sur-le-champ nos tâches. C'était ahurissant », raconte l'un des quarante employés présents, encore « traumatisé par cette descente commando ». Fermés au public toute la journée, les locaux de Landes Mutualité n'ont rouvert que le lendemain matin, vendredi, à 8 h 30.

Si cette manière de procéder de l'Acam peut surprendre, elle ne manque surtout pas d'interroger sur la situation de Landes Mutualité. Sur son site web, celle-ci se dit forte de 100 000 adhérents, soit 49 millions d'euros de cotisations appelées (chiffre 2007), et déclare détenir 33 millions d'euros de capitaux placés lui permettant « de garantir le paiement des prestations à ses adhérents et de financer son développement. »
Vittavi (ex-Smeso), une mutuelle étudiante implantée dans le grand Sud-Ouest. En additionnant les moyens de ses deux composantes, GVM annonce sur Internet 190 000 adhérents, 160 salariés, 55 millions d'euros de chiffre d'affaires et 37 millions de capitaux propres. Mais omet de préciser que lui aussi a été placé sous administration provisoire de l'Acam, mi-octobre.

Même chose pour Vittavi, au plus mal. Au 31 décembre 2008, l'ex-Smeso présentait un déficit de deux millions d'euros. Selon le rapport dressé par les contrôleurs de l'Acam voilà un peu plus d'un mois, la mutuelle étudiante serait au bord de la cessation de paiements.