Source : Sud-ouest
Jean-Pierre Feigna : « L'objectif était de casser Landes
Mutualité »
Le Conseil d'État vient de rejeter vos demandes de suspendre les placements sous administration provisoire de GVM et de Landes Mutualité ?
Jean-Pierre Feigna. Ce n'est ni une défaite ni une victoire. Le fait d'avoir permis l'audience est même une demi-victoire car
nos deux requêtes en référé auraient pu être rejetées avant même d'être plaidées. Et ce n'est pas fini. Sur le fond de cette
affaire, nous avons déposé un recours devant le Conseil d'État qui doit être examiné dans les prochains mois.
Êtes-vous toujours solidaire de la gestion de votre ancien directeur général, Jacques Marsant ?
Je n'ai pas parlé de solidarité. J'ai dit que l'administrateur provisoire, M. Bonin, a outrepassé ses pouvoirs en licenciant
deux anciens dirigeants sur des a priori (Jacques Marsant et Bruno Freche, l'ex-directeur financier de Landes Mutualité,
NDLR). Nous attendons toujours les preuves qu'ils auraient commis des fautes graves de gestion. À ce jour, aucune ne
nous a été fournie.
L'Acam reproche à Landes Mutualité d'avoir créé et développé des filiales totalement étrangères à ses
activités...
Là aussi, il s'agit d'affirmations non fondées des contrôleurs de l'Acam et de M. Bonin. Et nous en avons fait la
démonstration lors de nos différentes auditions devant l'Autorité de contrôle. Ces filiales sont aujourd'hui mises à mal par
l'administrateur provisoire qui en a suspendu l'activité et se rend ainsi responsable d'un important préjudice pour Landes
Mutualité. Ce pour quoi nous allons l'attaquer en justice.
Mais pourquoi la comptabilité de Landes Mutualité ne portait-elle pas trace de toutes les opérations financières
relatives à ces filiales ?
L'Acam affirme que tout a été surévalué. Elle remet donc en cause les commissaires aux comptes et les commissaires aux
apports qui nous ont contrôlés. Eh bien, qu'elle les attaque et on verra alors qui a raison ! Ces filiales ont été évaluées et
non surévaluées. Ce ne sont pas des coquilles vides mais, au contraire, des coquilles bien pleines. Vu les agissements de
l'administrateur provisoire, les présidents de ces filiales ont d'ailleurs décidé de les placer sous surveillance en demandant
l'intervention de mandataires ad hoc.
L'objectif de Landes Mutualité n'était-il pas de se rapprocher de Vittavi pour la faire disparaître ?
N'importe quoi ! On ne se serait pas compliqué la vie à aller chercher une mutuelle pour le plaisir de la faire disparaître.
Nous n'avions même aucun intérêt à cela. Car le régime obligatoire ne nous appartient pas. C'est un régime étudiant
spécifique pour lequel il faut un agrément que Landes Mutualité n'a pas. Sans Vittavi, cet agrément n'existait donc plus.
Un autre élément le démontre : ce qu'a prêté Myriade à Vittavi, qui vient de lui apporter 1,5 million d'euros de trésorerie, nous l'avions proposé avant. Mais l'Acam nous l'a refusé. Pourquoi ? C'est simple : l'orientation était alors déjà prise de tout faire pour casser et démanteler Landes Mutualité afin qu'elle entre dans le giron d'une grosse mutuelle nationale et qu'elle disparaisse en tant que telle. Nous sommes hyperdéterminés à nous battre contre cela.
Élisa Artigue-Cazcarra