samedi 23 janvier 2010

Le ton se durcit

Source : Sudouest.com
LA JUSTICE EST SAISIE, GVM/LANDES MUTUALITÉ. Hier, les salariés défilaient à Mont-de-Marsan. Les ex-dirigeants ont saisi la justice

Nouvelle manifestation, hier matin, des salariés de GVM/Landes Mutualité, toujours aussi inquiets pour leur avenir depuis que la
mutuelle a été placée sous administration provisoire sur décision de l'Acam (1), en novembre dernier. à la différence des récédentes actions, une soixantaine de personnes ont défilé dans les rues de Mont-de-Marsan au lieu de se cantonner devant le siège de la mutuelle. Une visibilité accrue qui accompagne un durcissement du ton.

Car si les revendications n'ont pas changé, au premier rang desquelles ne pas payer les pots cassés des déboires de Vittavi - avec qui Landes Mutualité est associée au sein de l'union technique GVM -, les arguments se font plus acérés. Dans le collimateur : l'administrateur provisoire, Philippe Bonin, désigné par l'autorité de contrôle pour superviser Vittavi, GVM et Landes Mutualité. « Depuis sa nomination, il n'est venu à Mont-de-Marsan qu'à trois reprises. Il n'y a plus de comités directeurs à Landes Mutualité et la gestion n'est assurée que grâce à la conscience professionnelle des salariés », indique Éric Onselaer, secrétaire général Force ouvrière à GVM.

« Hold-up »
Et le représentant syndical ne prend pas en traître le principal intéressé à qui il a dit tout cela à travers un courrier, envoyé
la semaine dernière, faute de recevoir une réponse à ses demandes de rencontre. Conséquence : la lettre a été transmise en copie au préfet, au procureur de la République de Mont-de-Marsan, à l'inspection du travail et à l'Acam. « L'administrateur provisoire ne fait rien et ne communique absolument pas avec les salariés. Pire, il a accordé une prime à l'incompétence en mettant à la direction par intérim de GVM l'ex-dirigeant de Vittavi (Éric Gautier, NDLR), mutuelle étudiante qui est aujourd'hui en cessation de paiements. C'est à croire qu'ils font tout pour couler Landes Mutualité et en prendre le contrôle », dénonce Stéphane Mascaron, de la CFDT.

Les salariés de Landes Mutualité craignent surtout une prise de pouvoir par la mutuelle concurrente girondine Myriade. « Elle vient de prêter 1,5 million d'euros à Vittavi. Ce n'est certainement pas pour ses beaux yeux », poursuit Stéphane Mascaron. Justement, une assemblée générale de Vittavi doit se tenir aujourd'hui à Toulouse. « Une convention de substitution entre Myriade et Vittavi va certainement être validée. Le gros risque pour nous, c'est ensuite une fusion avec GVM. Il existe pourtant d'autres solutions qui permettraient de sauver tous les emplois (2), notamment un rapprochement de Landes Mutualité avec Réunica, qui est très intéressé et vient de le rappeler à l'Acam. Mais de cela, l'administrateur provisoire ne veut pas parler », affirme Éric Onselaer.

Toutes ces inquiétudes ont été exposées successivement hier matin au maire Modem de Mont-de-Marsan, Geneviève Darrieussecq, au député socialiste Alain Vidalies et au président du Conseil général des Landes Henri Emmanuelli. Les représentants syndicaux s'en sont également ouverts auprès du directeur de cabinet de préfet qui les a reçus. Hier soir, Geneviève Darrieussecq réagissait par communiqué. « J'ai le sentiment d'un véritable hold-up dans ce dossier car il me paraît incompréhensible que les difficultés d'une petite structure associée (Vittavi, NDLR) mettent à mal une mutuelle de proximité en plein développement (LM, NDLR). Je ne comprends donc pas pourquoi Landes Mutualité a été placée sous administration provisoire alors qu'aucun danger ne pèse sur ses adhérents. Je ne comprends pas non plus pourquoi le représentant de l'Autorité de contrôle des assurances et mutuelles, qui a ordonné cette administration provisoire, refuse, malgré plusieurs sollicitations, de me rencontrer. » Elle n'est pas la seule à se poser cette question.



(1) Autorité de contrôle des assurances et mutuelles, le gendarme du secteur. (2) GVM compte 200 emplois : 110 sont issus des rangs de Landes Mutualité et 90 de Vittavi.

Deux procédures engagées par des ex-dirigeants de Landes Mutualité démis de leurs fonctions sont en cours. Comme l'avait annoncé Jean-Pierre Feigna, président suspendu, un recours vient d'être déposé devant le Conseil d'État pour faire annuler la mesure d'administration provisoire. Le résultat ne devrait pas être connu avant fin février-début mars.
Par ailleurs, Roger Cousseau, vice-président de GVM suspendu, a déposé une plainte fin décembre au commissariat de Mont-de-Marsan contre l'un des principaux administrateurs de Vittavi. Il l'accuse d'un détournement de fonds de l'ordre de 1 250,82 € correspondant à des notes de frais. On ignore pour l'instant les suites qui seront données à cette plainte.